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Vis-à-vis les fleurs qu’un rien fait tressaillir
Elle ira danser, sans jamais les cueillir,
 
Croyant que les fleurs ont aussi leurs familles,
Et savent pleurer comme les jeunes filles.
 
Sans piquer son front vos abeilles, là-bas,
L’instruiront, rêveuse, à mesurer ses pas ;
 
Car l’insecte armé d’une sourde cymbale
Donne à la pensée une césure égale.
 
Ainsi s’en ira, calme et libre et content,
Ce filet d’eau vive au bonheur qui l’attend ;
 
Et d’un chêne creux la Madone oubliée
La regardera dans l’herbe agenouillée.
 
Quand je la berçais, doux poids de mes genoux !
Mon chant, mes baisers, tout lui parlait de vous,
 
Ô champs paternels, hérissés de charmilles
Où glissent, le soir, des flots de jeunes filles.
 
Que ma fille monte à vos flancs ronds et verts,
Et soyez béni, doux point de l’Univers !