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Du rossignol ému le chant semblait mourir ;
On eût dit que l’eau même oubliait de courir.

Hélas ! qu’avait-il fait alors pour me déplaire ?
Il frémissait, ma sœur, me cherchait comme toi.
Non, je n’avais plus de colère :
Il n’était plus coupable, il était devant moi.

Sais-tu ce qu’il m’a dit ? des reproches… des larmes…
Il sait pleurer, ma sœur !
Ô Dieu ! que sur son front la tristesse a de charmes !
Que j’aimais de ses yeux la brûlante douceur !
Sa plainte m’accusait ; le crime… je l’ignore ;
J’ai fait pour l’expliquer des efforts superflus ;
Ces mots seuls m’ont frappée, il me les crie encore :
« Je ne te verrai plus ! »

Et je l’ai laissé fuir, et ma langue glacée
A murmuré son nom, qu’il n’a pas entendu ;
Et sans saisir sa main ma main s’est avancée :
Et mon dernier adieu dans les airs s’est perdu !





À MA SŒUR


Que veux-tu ? je l’aimais. Lui seul savait me plaire :
Ses traits, sa voix, ses vœux, lui soumettaient mes vœux.
Tendre comme l’Amour, terrible en sa colère…
(Plains-moi, connais-moi toute à mes derniers aveux.)