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Toi, dont jamais les larmes
N’ont terni la beauté,
Ne voile plus tes charmes,
Rappelle ta gaieté.
Adieu, belle Délie ;
Je te rends au plaisir ;
Retourne vers la vie,
Et laisse-moi mourir.





LES DEUX MÈRES


N’approchez pas d’une mère affligée,
Enfant, je ne sourirai plus.
Vos jeux naïfs, vos soins, sont superflus,
Et ma douleur n’en sera pas changée.
Laissez-moi seule à l’ennui de mon sort ;
Quand la vie à vos yeux s’ouvre avec tous ses charmes,
Enfant, plaindriez-vous mes larmes ?
Vous ne comprenez pas la mort.
La mort ! ce mot, qui glace l’espérance,
Ne touche pas votre heureuse ignorance ;
Ici le malheureux cherche un autre avenir :
Hélas ! ne chantez pas lorsque j’y viens mourir.
De ces noirs arbrisseaux l’immobile feuillage,
Des pieuses douleurs les simples monuments,
D’un champ vaste, morne et sauvage
Sont les seuls ornements.
L’écho de cette enceinte est une plainte amère :