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IDYLLES.

Dis-moi… Que disions-nous ? Oh ! comment rappeler
Tout ce qu’il me reste à t’apprendre ?

Regarde : ce matin j’avais tressé ces fleurs ;
Mais quoi ! tout a langui des feux de la journée ;
Et la couronne à l’amour destinée
N’a servi qu’à voiler mes pleurs.
Je pleurais : c’est que l’heure, à présent si légère,
Dormait comme ma mère.
Enfin le jour se cache et me prend en pitié ;
Enfin l’agneau bêlant quitte le pâturage ;
Ma mère, sans me voir, est rentrée au village :
Et déjà ma promesse est remplie à moitié.
Je te vois, je te parle, et je te donne encore
Ce bouquet dont l’éclat s’est perdu sur mon sein,
Demande-lui si je t’adore ;
Moi, j’accours seulement pour te dire : À demain !





L’ADIEU DU SOIR


Dieu ! qu’il est tard ! quelle surprise !
Le temps a fui comme un éclair ;
Douze fois l’heure a frappé l’air,
Et près de toi je suis encore assise ;
Et, loin de pressentir le moment du sommeil,
Je croyais voir encore un rayon de soleil !

Se peut-il que déjà l’oiseau dorme au bocage ?
Ah ! pour dormir il fait si beau !