Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1820.pdf/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(86)

Ah ! laisse un long repos au cœur qui l’a porté !
Va rendre ce lien à l’ingrat que oublie !
C’est à toi d’obéir ; tu n’es plus mon vainqueur ;
Tu ne l’es plus ! — Mes chants, ma liberté, ma vie,
J’ai tout repris, avec mon cœur !
Qu’il promène le sien sur tes ailes légères !
Je le verrai sans trouble ; il n’est plus rien pour moi !
Je ne l’attendrai plus aux fêtes bocagères ;
À peine il me souvient qu’il y surprit ma foi :
Je l’ai fui tout un jour sans répandre des larmes ;
Tout un jour ! ah ! pour lui je n’ai donc plus de pleurs !
Je souris au miroir en essayant des fleurs ;
Et le miroir m’apprend qu’un sourire a des charmes.
Comme le lin des champs flotte au gré des zéphyrs,
J’abandonné ma chevelure,
Qui va flotter à l’aventure
Ainsi que mes nouveaux désirs.
Qui, l’air qui m’environne, épuré par l’orage,
Me rendra, comme aux fleurs, l’éclat et la beauté ;
Et bientôt mon sort, sans nuage,
Sera beau comme un jour d’été !.…
Mais non ! je ne veux point de fleurs dans ma parure ;
Ce qu’il aimait ne doit plus m’embellir.
Cachons-les avec soin ; s’il venait, le parjure,
Il croirait que pour lui j’ai daigné les cueillir.
S’il venait… qu’ai-je dit ?… quoi ! son audace extrême