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Et je voyais la riante Jeunesse
Accourir en dansant pour me jeter des fleurs.
Au sein de mes chères compagnes,
Courant dans les vertes campagnes, |
Frappant l’air de nos doux accens, |
Qui pouvait attrister mes sens ?
Comme les fauvettes légères |
Se rassemblent dans les bruyères, :
La saison des fleurs etdes jeux
Rassemblait notre essaim joyeux.
Un jour, dans ces jeux pleins de charmes,
Je cessai tout à coup de trouver le bonheur ;
J’ignorais qu’il fût une erreur,
Et pourtant je versai des larmes ;
En revenant je ralentis mes pas ;
Je remarquai du jour le feu prêt à s’éteindre,
Sa chute à l’horizon, qu’il regrettait d’atteindre ;
Mes compagnes dansaient… moi, je ne dansai pas.

Un mois après j’errai dans ce lieu solitaire ;
Hélas ! ce n’était plus pour y chercher des fleurs :
La Mort m’avait appris le secret de mes pleurs ;
Et j’étais seule au tombeau de ma mère !