Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1820.pdf/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(48)

La ramène vers la douleur.
Comme un rêve mélancolique,
Le souvenir de mes amours
Trouble mes nuits, voile mes jours.
Il est éteint ce feu, ce charme unique,
Éteint par toi, cruelle !… En vain à mes genoux
Tu promets d’enchaîner un amant plus aimable,
Ce cœur blessé, dont l’Amour est jaloux,
Donne encore un regret, un soupir au coupable.

Qu’il m’était cher ! que je l’aimais !
Que par un doux empire il m’avait asservie !
Ah ! je devais l’aimer toute ma vie,
Ou ne le voir jamais !
Que méchamment il m’a trompée !
Se peut-il que son âme en fût préoccupée,
Quand je donnais à son bonheur
Tous les battemens de mon cœur !
Dieu ! comment se peut-il qu’une bouche si tendre
Par un charme imposteur égare la vertu ?
Si ce n’est dans l’amour, où pouvait-il le prendre,
Quand il disait : Je t’aime ; m’aimes-tu ?

Ô fatale inconstance ! ô tourment de mon âme !
Qu’as-tu fait de la sienne, et qu’as-tu fait de moi ?
Non, ce n’est pas l’Amour ! ce n’est pas lui ! c’est toi