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Un seul ! — Je vis Daphnis franchissant la clairière ;
Son ombre s’approcha de mon sein palpitant ;
C’était une ombre ; et j’avais peur, pourtant :
Mais le sommeil enchaînait ma paupière.
Doucement, doucement, il m’appela deux fois ;
J’allais crier, j’étais tremblante ;
Je sentis sur ma bouche une rose brülante ;
Et la frayeur m’ôta la voix.

Depuis ce temps… ne grondez pas, ma mère !
Daphnis, qui chaque soir passait avec son père,
Daphnis me suit partout, pensif et curieux ;
Ô ma mère ! il a vu mon rêve dans mes yeux !