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LES ROSES.


L’air, était pur, la nuit régnait sans voiles ;
Elle riait du dépit de l’Amour ;
Il aime l’ombre ; et le feu des étoiles,
En scintillant, formait un nouveau jour.
Tout s’y trompait. L’oiseau, dans le bocage,
Prenait minuit pour l’heure des concerts ;
Et les zéphyrs, surpris de ce ramage,
Plus mollement le portaient dans les airs.
Tandis qu’aux champs quelques jeunes abeilles
Volaient encore en tourbillons légers,
Le Printemps en silence épanchait ses corbeilles,
Et de ses doux présens embaumait nos vergers.
Ô ma mère ! on eût dit qu’une fête aux campagnes,
Dans cette belle nuit, se célébrait tout bas ;
On eût dit que de loin mes plus chères compagnes
Murmuraient des chansons pour appeler mes pas.

Près du ruisseau qui rafraîchit les roses,
Je respirais leurs suaves odeurs.
Le cœur ému de tant d’aimables choses,