Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1820.pdf/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(183)

Le reconnut pour maître, et nomma son vainqueur.
Les vertus l’attendaient ; elles étaient formées
Pour habiter son cœur !
La justice, la foi, la force, la clémence,
La bonté, la valeur, et la douce indulgence,
Dans la paix, dans la guerre, étaient ses saintes lois ;
Ensemble elles régnaient pour la première fois.
Soutiens ma lyre, ô Vérité charmante !
Henri, le grand Henri, ne craint pas ton miroir ;
De ce roi, tout amour, tu fus la noble amante ;
Oh ! dans le cœur des rois qu’il est beau de te voir !
Tu ne le suivras plus au milieu des batailles ;
Mais, viens, comme une veuve, au tombeau de son roi !
Suspends par tes récits l’horreur des funérailles,
Je ne veux chanter qu’après toi !

Quand le ciel irrité de leur plainte importune,
De la guerre aux humains imposa le fardeau,
Henri, que fatiguaient les jeux de la Fortune,
En poursuivant l’ingrate, arracha son bandeau.
Ses ennemis tombaient comme atteints de la foudre.
Ainsi le verre éclate et se réduit en poudre.
Il désarma le ciel, il étonna le Sort,
Il enchaîna la Mort.
L’implacable arbalétrière,
Assise et menaçante au milieu des débris,