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Je sors de cet âge paisible
Où l’on joue avec le malheur.
Je m’éveille, je suis sensible,
Et je l’apprends par la douleur !
Un seul être à moi s’intéresse ;
Il n’a rien dit… mais je le voi !
Et je vois même, à sa tristesse,
Qu’il est étranger comme moi.

Ah ! si son regard plein de charmes
Recèle un doux rayon d’espoir,
Quelle main essuîra les larmes
Qui m’empêchent de l’entrevoir ?
Soumise au monde, qui m’observe,
Je dois mourir, jamais pleurer !
Et je n’use qu’avec réserve
Du triste droit de soupirer !