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LA PASTOURELLE.


« Elle s’en va, la douce pastourelle,
Elle retourne où l’attend le bonheur.
« Je ne vis plus ! faut m’en aller, dit-elle ;
Faut m’en aller où j’ai laissé mon cœur !

« Un beau pasteur me le retint pour gage :
On veut un gage en perdant le bonheur.
M’en vas chercher le gardien et l’otage ;
Me faut mourir ou retrouver mon cœur. »

« — Racontez-nous, pastourelle naïve,
Votre aventure et celle du pasteur. »
« — Non, non, dit-elle, avec sa voix plaintive ;
Ne parlerai qu’en retrouvant mon cœur !

« Sur cette rive, où je suis étrangère,
On m’obligeait à chanter le bonheur.
Bonheur perdu rend la voix moins légère ;
N’ai jamais su chanter qu’avec mon cœur.