Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1820.pdf/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(133)


LE PARDON.


Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable ;
De ce dernier moment veux-tu charmer l’horreur,
Viens encore une fois presser ta main coupable
Sur mon cœur.

Quand il aura cessé de brûler et d’attendre,
Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
Mais tu diras : Ce cœur, qui pour moi fut si tendre,
N’aime plus !

Vois l’Amour qui s’enfuit de mon âme blessée !
Contemple ton ouvrage, et ne sens nul effroi !
La mort est dans mon sein… Pourtant je suis glacée
Moins que toi !

Prends ce cœur, prends ton bien ! l’amante qui t’adore
N’eut jamais à t’offrir, hélas ! un autre don ;
Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
Ton pardon !