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Quand tu peignais la tendresse,
L’amour, la crainte ou l’espoir,
De plaisir ou de tristesse
Je me sentais émouvoir ;
Et ces accens pleins de flamme,
Par un prestige enchanteur,
Semblaient sortir de ton âme
Pour se graver dans mon cœur.

Mais que cette âme insensible
M’échappe enfin sans retour !
La mienne est déjà paisible ;
Elle attend un autre amour…
Que dis-je ? ah ! s’il faut te craindre,
Sauras-tu moins me charmer ?
Non ! Je veux apprendre à feindre,
Et je n’apprends qu’à t’aimer.