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LES DEUX BERGÈRES.
DORIS.
Que fais-tu, pauvre Hélène, au bord de ce ruisseau ?
HÉLÈNE.
Je regarde ma vie, en voyant couler l’eau.
Son cours languit, Doris, il n’aime plus la rive ;
Dans nos champs qu’il arrose il roule quelque ennui :
Écoute ! il porte au bois sa musique plaintive ;
Et je voudrais au bois me plaindre comme lui.
DORIS.
De quoi te plaindrais-tu ?
HÉLÈNE.
Ce ruisseau paraît calme, et pourtant il soupire.
On ne sait trop s’il fuit… s’il cherche… s’il attend…
Mais il est malheureux, puisque mon cœur l’entend !
De quoi te plaindrais-tu ?
DORIS.
Tu rêves ! son cristal est pur, vif et limpide ;
On le dirait joyeux de caresser des fleurs.
HÉLÈNE.
Pour moi, j’y reconnais une douleur timide :