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PAUVRES FLEURS.

Voyez comme il vous donne et couve sous son aile,
Des mots harmonieux tièdes d’âme et d’encens :
Et quand vous les prenez dans sa main fraternelle,
Comme ils forment aux yeux de célestes accens !

Nous avons tous notre ange, et je tiens de ma mère,
Qu’on ne marche pas seul dans une voie amère.
Le rayon de soleil qui passe et vient vous voir,
L’haleine de vos fleurs que vous buvez le soir ;
Un pauvre qui bénit votre obole furtive,
Dont la prière à Dieu s’achève moins plaintive ;
La fraîche voix d’enfant qui vous jette : Bonjour !
Comptez que c’est votre ange et votre ange d’amour !

D’autres fois, je croyais, qu’on nous coupait les ailes,
Pour nous faire oublier le chemin des oiseaux.
Puis, qu’elles renaissaient plus vives et plus belles,
Quand nous avions marché long-temps, quand les roseaux,
Ne se relevaient plus près des dormantes eaux :
Nous remontions alors raconter nos voyages,
Aux frères parcourant leurs villes de nuages ;