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PAUVRES FLEURS.

Ce livre, ce cœur plein d’orages,
Plein d’abîmes et plein de pleurs,
Déchiré dans toutes ses pages,
Dieu ! sauveur de tous les naufrages,
Aura la clé de ses douleurs.

Mais seule, et quand le jour se voile sous la nue,
Qu’il laisse tomber l’ombre avant la nuit venue,
Quand l’oiseau sans musique erre aux champs sans couleurs,
Je ne me sens pas vivre et je ressemble aux fleurs,
Aux pauvres fleurs baissant leurs têtes murmurantes,
Et qu’on prendrait au loin pour des âmes pleurantes.

Quand on se meurt, on plaint tout ce qui va mourir ;
On plaint tout ce qui souffre ou qui semble souffrir.

Mourir ! on ne meurt pas quand on le pense. Une âme,
Prend ses ailes long-temps avant de s’envoler ;
Une lampe long-temps s’use sans s’exhaler,
Tant qu’un peu d’huile au cœur en remonte la flamme :