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SARAH.

cachait qu’avec peine, il vint un jour réclamer l’entretien dont son sort allait dépendre. M. Primrose, en le lui accordant, était loin de croire que le sien même y fût attaché. Sarah, qui le vit s’éloigner en dirigeant sur elle un regard où son devoir était écrit, se leva pour obéir à cet ordre muet. Seule un moment avec Edwin, elle ne sentit pas comme lui le ravissement qu’il en éprouvait. Elle se retirait, les yeux baissés, la démarche chancelante, lorsqu’Edwin, se plaçant vivement devant elle, l’arrêta et lui dit :

« Te voilà donc, Sarah ! oh ! laisse-moi te regarder ! il y a longtemps que je ne t’ai vue ! »

Sarah, détournant la tête, ne pouvait et ne voulait pas lui répondre.

« Que crains-tu, poursuivit-il en cherchant ses regards ? il n’y a personne ici.