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SARAH.

tesse, et haletant de chaleur, Edwin s’arrêta quelques instans pour retrouver la respiration qui lui manquait. Le son vague d’une voix plaintive fut apporté de son côté par la brise ; la lune, qui se levait, le guida dans les petits sentiers et les plantes épineuses dont ils étaient couverts. Il parvint enfin à une place où la terre était unie et dégagée de ronces. L’odeur des acacias et des orangers rafraîchissait l’air, et répandait un souffle de vie dans cet asile de la mort.

M. Primrose était à genoux et priait ; son fils, si plein de sa douleur et du besoin de la répandre, l’oublia et s’oublia lui-même, pour regarder son père avec une crainte religieuse. Il écarta doucement les branches des arbres qui ombrageaient cette place comme un rideau sombre, et contempla long-temps en silence l’ami de sa jeunesse, l’arbitre de son sort, prosterné devant un tombeau, le