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SARAH.

se félicitait de l’avoir humiliée à son tour, et s’éloigna content.

« Je l’ai punie, pensait-il, et corrigée d’une dangereuse présomption. M. Primrose m’en remerciera. »

C’était toujours ainsi qu’il balançait ce qu’il appelait l’indolence de son maître ; il n’en était d’ailleurs que plus sûr encore d’obtenir Sarah. Son avarice l’emportait sur l’humiliation d’en être haï ; la perte de ses espérances ne pouvait être payée qu’avec de l’or ; et Sarah n’en pouvait avoir pour lui, qu’en devenant sa femme. Il savait de plus que celle d’Edwin était déjà choisie, élevée en Angleterre, où M. Primrose devait retourner avant peu. Il allait donc rester seul responsable des propriétés qu’il convoitait avec tant d’envie. N’en être que le gardien lui paraissait insupportable ; et plus d’une fois il avait tressailli, en pensant qu’il tenait dans ses mains la fortune toute