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SARAH.

quand les graves leçons de M. Primrose n’occupaient pas leur attention. Silvain, par prudence peut-être, s’adoucit envers le pauvre Arsène, qui dès lors, plus admis au service intérieur de l’habitation, plus libre d’approcher des petits blancs, de leur parler et de les entendre, se crut heureux, et respira.

Edwin et Sarah grandissaient ; ils s’élevaient comme deux arbrisseaux arrosés d’une eau salutaire. Déjà, pendant leurs leçons, Edwin, souvent distrait, au lieu d’écouter son père, regardait Sarah ; mais, quand ils étaient seuls, il lui faisait redire tout ce qu’elle avait retenu, et les plus sérieuses instructions se gravaient dans le cœur d’Edwin, comme tout ce qui sortait de la bouche de Sarah. La sécurité et l’innocence rendaient leurs jours aussi beaux qu’eux-mêmes. Dans les jardins, dans les plantations, ou sur la haute montagne,