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SARAH.

Sarah, mais ne dis pas qu’il est esclave, je ne t’aimerais plus. — Silvain ne sait pas qu’il est malheureux, dit Sarah. — Est-ce ma faute, répliqua vivement l’intendant ? — Non, non, reprit-elle, c’est qu’il est loin de sa mère, et qu’il croit l’entendre l’appeler quand les flots accourent vers lui, quand le vent balance les palmiers. » Silvain leva froidement les épaules, et s’éloigna en sifflant. « Il n’en a jamais eu, il ne plaint pas ceux qui les pleurent. — Faut-il souffrir soi-même pour plaindre la souffrance ? ô Sarah ! je trouve Silvain bien dur. Tu n’as jamais eu de mère, et pourtant tu pleurais. — Oui, dit-elle, ce nom m’a toute émue ; ce qu’Arsène raconte des mères est touchant ! Edwin, j’en voudrais une ! — Et je n’en ai pas à te donner, s’écria-t-il ; je n’en ai pas ! hélas ! tu désires ce que je n’ai pas ! »