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ADRIENNE.

trée de la porte, comme on fait dans toutes nos maisons pour annoncer que la Mort y a passé récemment. Les genoux d’Andréa se ployèrent sous lui ; un nuage couvrit sa vue ; cette croix sembla disparaître et s’effacer comme un rêve ; alors, sans jeter un cri, sans savoir peut-être où il était lui-même, il franchit le seuil et courut au lit d’Adrienne… Elle n’y était plus. Toute la chambre était jonchée de roseaux, d’acacia blanc, et remplie des parfums de la myrrhe qu’on y avait brûlée.

Géorgie, seule, couverte de ses longs cheveux en désordre, les yeux gonflés d’avoir pleuré, était penchée sur cette couche tendue de blanc, et gémissait. Ce murmure triste et doux frappa enfin Andréa, qui, dans un muet désespoir, devinait et n’osait demander ce qu’il avait perdu ; il arrêta ses yeux sur Géorgie, qu’il avait vue naguères si riante et si vive. Elle était défail-