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ADRIENNE.

mains sèches et brûlantes, le baigna de ses larmes, en disant : « Pauvre petit misérable ! »

— Pauvre petit misérable ! répéta-t-il, en imitant l’accent plaintif de son amie.

Une maladie grave suivit ces tristes symptômes. Adrienne, assise ou à genoux près de son lit, semblait avoir oublié que c’était à elle à mourir. Ses soins, ses vœux, ses veilles, ses pleurs, tout était pour Andréa, qui ne reconnaissait qu’elle, qui n’obéissait qu’à sa voix, durant l’affreux délire qui bouleversait sa raison ; souvent, tourmenté par des rêves lugubres, il se levait tout-à-coup, et voulait s’échapper. Il se débattait alors contre Adrienne elle-même, et s’obstinait à s’enfuir, dans un silence qui la glaçait d’épouvante.

— C’est moi, disait-elle, veux-tu me quitter ? veux-tu quitter Adrienne ? » et l’enfant, terrassé par de longs efforts, retombait sur sa couche, en répétant :