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ADRIENNE.

n’ayez pas peur, Andréa, je n’ai rien vu ; » et, l’entraînant jusqu’à cette petite chapelle gothique que vous voyez non loin de la mer, et consacrée à la Vierge par des matelots espagnols qui s’y sauvèrent autrefois, elle s’appuya contre les piliers à demi-ruinés. Quelques éclairs jetaient une clarté pâle à travers ces lourds nuages qui s’amoncelaient au loin, et rendaient plus horribles à contempler les intervalles d’un calme sombre que nos marins appellent calme de mort, où la nature immobile semble réunir toutes ses forces pour soutenir le choc dont elle est menacée.

Mona, qui vit ses jeunes maîtres se réfugier à la chapelle, vint les y joindre toute tremblante.

« Chère Mona, lui dit tout bas Adrienne, en se cachant dans ses bras, priez avec moi pour les voyageurs ; car voici la saison des naufrages. »