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ADRIENNE.

ment où mes yeux et mon cœur se fermeront au souvenir d’Arthur. »

Oh ! que le ciel ne m’a-t-il donné la beauté des anges, pour lui plaire, et leur voix, pour le rappeler !… et lui, lui, que ne voyait-il dans mes traits mon ame toute brillante de son image ! il m’aurait trouvée trop belle pour me quitter jamais !

Ses regards erraient alors partout où elle croyait poursuivre l’ombre légère d’Arthur, qu’elle voyait en effet par un reflet de son ame. Une autre fois, il reparaissait tout-à-coup en elle dans l’imitation involontaire de son accent, de ses manières ; dans des mots de lui, des phrases dérobées par sa mémoire, qui la frappaient d’étonnement sitôt qu’elles s’échappaient de sa bouche, et la faisaient fondre en larmes.

C’est alors qu’Andréa redoublait de tendresse pour elle, et qu’il l’écoutait avec plus de ravissement.

« Tu parles comme lui, disait-il ; on dirait que sa voix est unie à la