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ADRIENNE.

préparait le cœur d’Adrienne à la sentence qu’elle allait recevoir.

« Malheureux pour toujour, lui dit-il enfin, mais un seul instant injuste, un seul instant, ma chère ! quelle que soit ma vie, Adrienne, ce moment en aura été le plus affreux, et, je le jure ; le plus coupable. Vous devez pardonner beaucoup à qui va beaucoup souffrir, et souffrir pour toi, si bonne, si sincère ! et qui ne voulais pas, oh ! j’en suis sûr, ajouter des malheurs à la cruelle bizarrerie de mon sort ! Le réveil d’un doux songe, mon amie, est quelquefois la mort… Mais, s’il n’est plus temps pour ma vie, il l’est encore pour l’honneur… » Et ses larmes recommencèrent à couler avec plus d’amertume.

Adrienne, muette, consternée, lui abandonnait ses mains glacées, dont le tremblement seul annonçait qu’elle vivait encore.

« Demain, » poursuivit-il…