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SARAH.

troubler son père, tendit en silence les bras vers la pirogue, et, les agitant avec vivacité, il semblait l’appeler à lui. Le nègre, qui l’aperçut, le regarda long-temps d’un air craintif ; et, cédant enfin à l’invitation muette du petit habitant, se dirigea vers lui. Il aborda au pied du rocher, prit avec précaution la petite Sarah qui sommeillait encore ; et, l’ayant couchée sur la mousse marine, il enleva sa pirogue légère, pour qu’elle ne fût pas entraînée par le flot ; alors, reprenant l’enfant sur la mousse, il gravit la montagne, et parvint à cette habitation où la Providence paroissait le conduire.

Le petit blanc, curieux, suivait tous les mouvemens du nègre avec inquiétude. Quand il le voyait s’incliner en heurtant quelque pierre, il s’inclinait de même. Dès qu’il l’aperçut enfin sur un terrain uni, à quelques pas de lui, il mit une