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ADRIENNE.

« Si j’osais troubler son sommeil, dit-elle en souriant, j’embrasserais ce petit ange ! » et elle se pencha vers lui en posant doucement sa bouche sur son front.

À peine elle se retirait, qu’Arthur, avec un transport qui trahit toute sa raison, imprima ses lèvres sur ce front charmant qu’elle venait d’effleurer. Ses grands yeux noirs et brûlans attirèrent ceux d’Adrienne, qu’il enchaînait sur lui, sans qu’elle pût les en détourner.

Cette action si prompte, si passionnée, et comme échappée à l’amour même, fit passer entr'eux une émotion, un saisissement et peut-être une joie si vive, qu’ils demeurèrent longtemps plongés dans le silence. Quel silence ! Tous les aveux retenus, tous les mystères cachés au fond de leurs ames, s’y dévoilèrent l’un à l’autre.

« Il y eut, dit Adrienne, un siècle de bonheur dans ce moment si beau