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SARAH.

prit mes deux mains dans les siennes, comme pour enchaîner toutes mes idées devant elle, et me dit :

Un soir que l’air était tranquille comme aujourd’hui, que rien ne troublait le silence du rivage, et que la mer était unie et bleue comme le ciel qu’elle réfléchissait, un enfant de notre île, Edwin Primrose, dont le père lisait sous les palmiers, regardait cette vaste étendue d’eau qui semblait immobile, et cherchait à découvrir au loin un aliment à sa curiosité. Croyant à la fin apercevoir quelque chose s’approcher, il regarda toujours, jusqu’à ce qu’il reconnut une pirogue que la mer portait doucement. Un nègre ramait sans effort, et voyageait ainsi dans cet arbre creux, avec un autre enfant paisiblement endormi. Edwin n’osant parler, de peur de