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ADRIENNE.

choisi ; par un mouvement décidé de son cœur, s’endormit paisiblement.

Cette circonstance, légère en elle-même, décida peut-être du sort entier d’Adrienne ; car elle attira sur elle les yeux d’Arthur : et il y a des yeux qui recèlent notre destinée dans un seul regard.

On crut voir, lorsqu’il s’approcha d’elle, qu’il l’observait avec une vive émotion. Adrienne en fut frappée au point qu’elle s’offrit à lui rendre son jeune frère ; mais il s’éloigna lentement sans lui répondre, et rentra dans la foule, avec une préoccupation si grande, qu’il ne paya plus, même d’un sourire, les soins que l’on prit pour rappeler sa gaîté entièrement effacée. Lorsqu’il reprit enfin son cher Andréa, qui dormait dans les bras d’Adrienne, pour le mettre à ceux d’un esclave, il la regarda long-temps encore avec une expression singulière de reproche et de tristesse, qui la laissa