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SARAH.

mière pensée (coupable pensée !) fut que ce traître m’abandonnait par votre ordre, jusqu’au moment où, seul et sans Sarah, vous, viendriez m’y reprendre. Je demeurai suffoqué de douleur, et détestant (oh ! pardonnez-le moi, mon père !) ma confiance dans vos paroles. Je retournai dans la maison du Suédois, ne doutant pas qu’il ne fût instruit de vos desseins. La confusion de mes idées me permit à peine de lui raconter la disparition subite de Silvain, et la douleur dont j’étais pénétré ; mais, au lieu de me dire, comme je l’attendais, qu’il était prévenu par vous ou par lui, sa surprise fut égale à mienne ; et je devinai promptement, à ses discours, que sa méfiance ne s’éveillait que sur des craintes, hélas ! plus réelles pour vous, mais que je rejetai d’abord avec horreur. Les miennes se portaient toutes vers Sarah, que je