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SARAH.

nôtre détruite ainsi. Une de nos calamités la plus redoutable est la sécheresse, qui se prolonge quelquefois deux ou trois mois, entiers ; car nous ne buvons que l’eau du ciel recueillie avec soin dans les citernes. Mais les citernes s’épuisent quelquefois avant qu’une pluie, plus précieuse pour nous que l’or, ne vienne calmer la crainte et souvent le tourment de la soif elle-même. Nos fruits nous soulagent sans doute, mais ils deviennent à leur tour fort rares, par les ravages des vents qui dessèchent et arrachent tout dans cette saison malheureuse.

Sarah, dont l’ame était aussi agitée que les flots qu’elle voyait rouler au loin, retenait ses soupirs et jusqu’à son souffle, de peur qu’il n’exhalât le nom d’Edwin ; mais la terreur qui était peinte sur son visage ne pouvait échapper au bon M. Primrose ; et jugeant, au mouvement de