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SARAH.

leur que je sens, qui vous a fait mourir ? et mourir sans regret, puisque cette douleur finit avec la vie, et qu’on ne l’emporte pas au ciel, où vous êtes. Que vous êtes bien, ma mère ! ne m’appelez-vous pas ?… »

Elle était encore à la même place, quand M. Primrose repassa devant elle. Il était rêveur ; elle le crut irrité. Il ne l’était pas ; car, dans le courant du jour, il la vit avec tant de pitié dévorer ses larmes, et s’efforcer de lire un livre qu’elle tenait ouvert sans y rien voir, qu’il donna en sa présence, et pour qu’elle l’entendît, l’ordre de tout remettre en place dans l’appartement d’Edwin, qui devait être de retour avant peu. Il entendit tomber le livre de Sarah ; et, se retournant vers elle, il la vit les mains jointes et les yeux attachés sur lui. Elle ne parlait pas ; mais tout disait en elle : vous me rendez la vie !