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SARAH.

rose un écrit de mon maître, qui me rendait libre d’appartenir à un autre, je lui dis que je le confiais à lui seul au monde, ainsi que vous, pauvre petite orpheline, qui n’aviez plus que moi pour appui. Il promit de vous en servir lui-même. Cette hospitalité qu’il vous donne encore est trop peu payée sans doute par mon travail et ma liberté, mais je n’avais pas autre chose à offrir.

Voyez maintenant si vous êtes esclave ! si les durs traitemens que j’ai souvent endurés de Silvain peuvent jamais s’étendre sur l’enfant de Narcisse ? Ah ! sans la crainte de vous voir tomber dans les mains de celui qui l’a fait mourir si jeune et si belle, je dirais tout ; mais elle m’a fait, jurer de ne vous rendre qu’à mon malheureux maître, s’il revient un jour la chercher. Il reviendra, petite Sarah ; vous connaîtrez votre père ; vous serez heureuse, je l’ai rêvé ; mais, ajouta-