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SARAH.

dit ce pauvre noir ; et je fus content de l’avoir rencontré. Nous nous dîmes adieu ; je courus vous réjoindre où je vous avais laissée endormie, car je tremblais qu’en vous éveillant vos cris ne fussent entendus de l’esclave marron, qui pouvait se lasser bientôt de vivre ainsi tout seul, et retourner à l’habitation, comme je l’avais vu quelquefois faire à d’autres nègres. Ma résolution fut prise au moment même. Je retournai à cette cabane que j’avais abandonnée ; j’y pris tout ce qui pouvait vous servir ; j’entassai dans ma pirogue les provisions qu’elle put contenir, des poissons séchés, des racines et des fruits ; ensuite je me confiai avec vous à la Providence ; et, après quelques jours de voyage dont j’ignorais encore le but et la durée, nous abordâmes au pied de cette montagne où Dieu nous protège et nous cache depuis douze ans. En montrant à M. Prim-