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LES PLEURS.

À tous les jeunes yeux que le plaisir éclaire,
Pour remplacer le jour !

Quand sur les mêmes fleurs dont se parent leurs têtes,
À la lueur des feux qui brillent dans nos fêtes,
Des anges de la nuit la foule se répand,
Et qu’un objet aimé nous cherche et nous attend ;
Qu’il est doux de verser dans l’ame inquiétée
De cet objet charmant qui se penche vers nous,
Les aveux renfermés dans notre ame agitée,
Et nourris tant de jours pour la fête enchantée
Dont l’espoir fut si doux !

Quand la fête, et le luth, et la danse amoureuse,
S’endorment sur les fleurs du gazon parfumé ;
En se tenant la main loin de la foule heureuse,
Quand on s’égare seul avec l’objet aimé ;
Qu’il est triste de voir déjà le jour descendre
Sur un front qui rougit, plus touchant désormais !
Qu’il est triste l’adieu qui nous suivra si tendre
Dans un songe où le cœur se berce et croit entendre :
Ne nous quittons jamais !