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LES PLEURS.

Si le fer rend victorieux,
Eh bien : pour que Dieu nous pardonne,
Tout ce fer, donnons-le pour eux ;
Notre bon roi les abandonne ! »

« Débile et sombre, un vieux roi franc,
Aux enfançons portait envie,
Et des flots de leur jeune sang
Prolongeait sa hideuse vie :
Sous un maître non moins affreux
Ce peuple expire… et nous pardonne.
Dieu des rois ! descendez sur eux ;
Notre bon roi les abandonne ! »

« Mes fils, confiez vos troupeaux
Aux femmes qui n’ont que des larmes ;
Dieu soufflera dans vos drapeaux ;
Son courroux bénira vos armes :
Si le voyage est malheureux,
Allez, et que Dieu nous pardonne.
Allez, mes fils ! mourez pour eux ;
Notre bon roi les abandonne ! »

Ainsi parle aux jeunes bergers
Un vieillard qui rentre au village ;