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LES PLEURS.

ferais le portrait de Lucretia. On la devine dans ces stances qu’elle écrivit à l’âge de quinze ans.

« Étoile du soir ! astre étincelant ; diamant de la couronne du ciel, ah ! si mon ame était libre, comme elle prendrait son essor vers toi !

» Que tu es calme et belle ! Semblable à la clarté pure d’une lampe allumée sur l’autel de la vertu ! Ah ! sans doute le monde brillant que tu es fière de contenir ne fut jamais ni perdu, ni racheté !

» Là, des êtres purs comme l’aile des cieux mêlent en commun leurs espérances et leur félicité, pendant que les anges font vibrer leurs lyres, et que les séraphins forment un dais avec leurs ailes étendues.

» Là, des jours sans nuages, des nuits brillantes sont éclairées par le reflet des clartés célestes. Là se succèdent rapidement les saisons et les années inaperçues, et sans laisser de regrets à l’ame.

» Petite étoile étincelante du soir, diamant posé sur le bandeau bleu du ciel, avec quelle ivresse je volerai vers toi, dès que mon ame sera libre ! »

Elle est libre !