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LES PLEURS.


Bon passant ! si ta voix est tendre,
Jamais je n’oublîrai ta voix ;
Parle-moi ! guéris-moi d’attendre ;
Dis mon nom : je croirai l’entendre
Comme on me l’a dit une fois !

Si tu vois une fleur sauvage
Croître et trembler sur mon tombeau,
Cueille à la mort son pâle hommage ;
Emporte cette frêle image
D’un être plus aimant que beau.

Prends-moi, sous ce fragile emblème,
Comme un talisman pour tes jours ;
S’il recèle un peu de moi-même,
Cache-le sur un cœur qui t’aime ;
Et ce cœur t’aimera toujours !

Jamais une main qui sépare
N’osera s’étendre entre vous ;
L’amour ne sera plus avare :
Et si tout l’enfer ne t’égare,
Toi ! tu ne seras point jaloux !