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LES PLEURS.


Sur moi lentement éveillée,
Femme, je n’ai pas fui mon sort ;
Et sous mes larmes effeuillée,
Dans mes doux sentimens raillée,
Je pleurais, et j’aimais encor !

Auprès de cette cendre éteinte
Demeure un instant par pitié !
Sous l’urne tiède et sans empreinte,
Que je rêve un moment la plainte
De l’amour ou de l’amitié.

Car on dit que long-temps encore
L’ame retourne au monument,
Glissant du ciel à chaque aurore,
Pour épier ce qu’elle adore…
Et que parfois c’est vainement !

Si l’attente, effroi de ma vie,
Doit aussi tourmenter ma mort,
Si pas un cœur ne m’a suivie,
Parle-moi, toi ! je t’en supplie ;
Dis mon nom et pleure mon sort.