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LES PLEURS.

Du fond de ton sépulcre, un cri lent et sonore
Dénonce tes malheurs autre part entendus ;
Ton œil vide s’ouvre encore
Pour saluer une aurore
Que l’homme n’éteindra plus !

Ce jour que l’esclave envie,
Du moins changera son sort,
Et je sais trop de la vie,
Pour médire de la mort !

Chante la liberté, prisonnier ! Dieu t’écoute.
Allons ! nous voici deux à chanter devant lui.
J’ai su dire ma joie, et je sais aujourd’hui
Ce qu’un son douloureux te coûte !

Chante pour tes bourreaux qui daignent te nourrir,
Qui t’ont ravi des cieux la flamme épanouie ;
Tes cris font des accords, ton deuil les désennuie ;
Si ta douleur s’enferme, ils te feront mourir.

Chante donc ta douleur profonde,
Ton désert au milieu du monde,