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LES PLEURS.

Mais l’air pur fait frémir vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Quand vos ailes alors tremblantes
Viennent se reposer sur moi ;
Quand, à travers un peu d’effroi,
J’accueillis vos peines brûlantes ;
Entre vous et les cieux troublés
J’étendis mes deux mains fidèles ;
Sur mon cœur j’ai séché vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Saviez-vous qu’une voix plaintive
Pût toucher un cœur à la mort ?
Étiez-vous triste du remord
D’y rendre ma vie attentive ?
Où fuir, hélas ! quand vous parlez
De pleurs, d’amitiés éternelles ?
J’écoutais ; j’oubliais vos ailes,
Bel ange ! et vous vous envolez.

Charmez votre exil sur la terre,
Sous d’autres cieux, par d’autres fleurs ;
Allez ! Dieu comptera vos pleurs
Au fond d’une ame solitaire :