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UNE FEMME.

fiancée d’Haverdale ; et elle le vit pâlir.

Elle se leva tremblante sans oser lui dire : « Qu’avez-vous ? » Mais tout le demandait en elle, car il l’en remercia par le sourire le plus doux et le plus triste ; puis pour la rassurer sans doute, ou l’arracher à cette tristesse qu’il ne lui reprochait pas, il parcourut comme avec effort le clavier du piano que Claudia venait de quitter, pour donner quelques ordres relatifs au concert du soir.

Privé de son soleil d’Italie, dont la clarté trop lumineuse enlève au climat le prestige de l’idéalité ; accoutumé à ne trouver dans la musique qu’une source de volupté ; il ressentait peut-être cette oppression vague et mélancolique qui la rend si poignante sous un ciel de brouillards, par les rêves indécis dont elle noie le cœur et l’imagination. Il se blessait lui-même de ses accens trop passionnés, comme les sons gémissans de l’harmonica fêlent quel-