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LA SERVANTE.

mais comme cette chose impénétrable ne la regardait pas, elle ne prétendait pas plus à deviner cette énigme qu’à décrire les élémens de l’air qu’elle respirait sans y penser depuis sa naissance. Enfin Sally était la plus innocente, la plus simple et la plus désintéressée des mortelles qui entra jamais sous le toit d’un célibataire, pour monter du rang de première servante, à celui de maîtresse de maison.

Aussi n’était-ce pas le hasard seul qui avait placé cette silencieuse fille sous l’autorité d’un maître à la fois solitaire et raconteur. Elle avait été cherchée, étudiée et choisie par madame Thorns, nièce prudente du vieux marchand ; et comme cette dame vivait beaucoup dans l’avenir, elle avait souvent frémi que son oncle, à travers sa solitude et son embonpoint, ne demeurât pas toujours doué de cette discrétion qui sied si bien aux