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LA SERVANTE.

content de ses récits, et un public vierge, toujours satisfait d’entendre des sons sans les comprendre ; car Sally ne comprenait rien. Son intelligence était un abîme qui ne rendait rien de ce qu’il recevait, un instrument qui n’avait jamais vibré sous aucune parole, sous aucun fait. Les traits seuls de Sally étaient un bouclier sur lequel venaient s’amortir tous les javelots de la calomnie. Sa vertu s’y montrait, non en beau, mais avec une rudesse d’expression, qui persuadait l’incrédule, et désarmait honteusement la curieuse malignité. Ceux qui avaient le courage d’y revenir à deux fois se demandaient comment la nature exaltée à tort et à travers par les poètes et les optimistes, avait pu si avaricieusement frustrer de ses faveurs, un être destiné à faire partie de cette frêle moitié de l’homme appelée hardiment et quand même : le beau sexe ! n’avait-elle rien de mieux à faire que d’infliger