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LA SERVANTE.

intelligence, que par degrés l’apparente distance entre le maître et la servante avait diminué. Sally, quoique loin d’être elle-même versée dans l’art de l’élocution, devint en revanche une si parfaite écouteuse, que M. Fogrum commença à goûter un plaisir délicat, après avoir recueilli par la ville une foule de petites nouvelles et d’anecdotes, à venir les raconter à Sally, auditoire toujours attentif bien que muet, dont les yeux brillaient assez pour prouver qu’ils ne dormaient pas, et dont les oreilles n’eussent pas été distraites de son devoir par un tremblement de terre. Qu’on se garde toutefois de supposer rien que de candide dans l’espèce de galanterie qui régnait, à leur insu, entre ces deux personnages : un seul coup-d’œil sur Sally pouvait convaincre le plus intrépide artisan de scandale, que dans ce commerce étroit et sans nuages, il ne se trouvait qu’un narrateur infatigable,