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DE LADY BETTY.

res, elle en avait peur, seraient près de moi de trop peu de valeur ! N’aurais-je cependant pas pitié de sa tristesse ? Elle était si seule, si malheureuse ! Toutes ces longues soirées d’hiver, où elle n’avait d’autre compagnie que le sommeil de plus en plus profond de sa maman ! Et les journées n’étaient pas moins solitaires ; comme la salle d’études était sombre et déserte à présent ; elle qui avait vu tant de joyeuses matinées, tant de fraîches poésies et de gracieux dessins s’animer et vivre sous ma plume et mon pinceau. Au moins gardait-elle précieusement ces inimitables créations de mon talent, mais elles ne lui ramenaient ni le passé ni l’auteur ! En ce qui concernait le petit album lilas à filets dorés, elle en avait arraché et brûlé bien des pages ; elle n’en avait conservé que celles où j’avais écrit quelques-unes de mes pensées et mes deux derniers incomparables sonnets, dignes de Pétrarque.