Page:Desbordes-Valmore - Le Salon de Lady Betty, tome 1, 1836.pdf/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
L’ALBUM

lilas de ma chère Betty ; mais je regardai du côté du piano, bon Dieu ! le petit album était là lui-même ; c’était la Providence qui avait voulu que ma bien-aimée oubliât de le prendre avec elle ou de le serrer sous clé, ainsi qu’elle le faisait toujours. Elle l'avait laissé ainsi dans la précipitation de sa course imprévue ; j’ouvris donc le petit livre et tout à mon amour-propre poétique, j’écrivis d’abord mes sonnets, et de ma plus belle écriture. Quelle surprise ce serait pour la pauvre enfant quand elle lirait là de pareils vers ! Mais une fois ma transcription achevée, la fantaisie bien naturelle me prit de lire moi-même, c’était de la curiosité indiscrète ; mais le moyen de résister à la tentation ! comment ne pas saisir cette occasion précieuse qui m’était présentée de pénétrer dans les plus secrètes pensées de celle que j’adorais ? et puis, n’était-ce pas de sa part une innocente finesse ? n’avait-elle pas à dessein