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DE LADY BETTY.

pargnais pas la nuit, dont je chantais naguère si poétiquement le tendre mystère. À présent j’accusais ses complaisances honteuses ; je lui reprochais en termes fort vifs le rôle peu honorable qu’elle jouait en tiers dans les intrigues amoureuses. Mes improvisations satiriques étaient si entraînantes, que lord Brownsberry y applaudissait lui-même. Pour lady Betty, elle trouvait moyen de m’en remercier, soit en me pressant le pied , soit en me serrant la main ; je ne lui en voulais donc pas, mais sa patience me navrait. Où trouvait-elle le courage avec lequel elle supportait les insupportables assiduités de notre prétentieux et maussade seigneur ? Elle ne se contentait plus de lui montrer de la politesse, elle l’accablait de prévenances, elle louait son esprit et sa conversation. Tant de savoir-vivre et de dévouement à l’hospitalité me surprenait, je le confesse, et me dépitait singulièrement.